L'Attente Absurde

Marie entra dans la mairie, ses pas résonnant sur le marbre froid. Elle prit un ticket à l'automate, le numéro 42, et s'assit. Autour d'elle, les murs blancs étaient ornés de portraits sévères d'anciens maires. Les guichets, alignés comme des sentinelles, affichaient des numéros de ticket dans un ordre chaotique et imprévisible.

Une femme assise seule sur une chaise en plastique dans un hall impersonnel, fixant un écran lumineux affichant des numéros changeants.

En face d’elle, un guichet portait l’inscription "Guichet 7 – Priorité absolue", et son écran lumineux clignotait en boucle : "Veuillez patienter". Mais personne n’y était assis, et aucun numéro n’y était jamais appelé. Un homme, assis depuis plus longtemps qu’elle, fixait le guichet avec insistance, immobile, comme s’il attendait depuis des heures, voire des jours.  

Marie s’approcha d’un employé, une interrogation brûlant ses lèvres.  

— Excusez-moi, pourquoi le 78 après le 35 ? demanda-t-elle, son ticket serré dans la main.  

— C'est la procédure standard, répondit l'employé, les yeux rivés sur son écran. Votre numéro viendra en son temps.  

— Mais quand exactement, selon quelle logique ? insista Marie.  

— La logique n'est pas nécessaire ici, conclut l'employé d'un ton neutre.  

Les heures défilèrent, le soleil se coucha, et un à un, les employés disparurent derrière les portes marquées "Privé". Marie restait seule, le numéro 42 jamais appelé. L’homme qui observait le guichet 7 n’avait pas bougé.  

Elle se leva et s’approcha de l'automate pour tirer un autre numéro, espérant peut-être accélérer le processus. Le ticket sortit avec un "bip" joyeux, affichant le numéro 91.  

Marie soupira et leva les yeux. Le guichet 7 clignotait toujours dans le vide : "Veuillez patienter". L’homme à côté d’elle la regarda et, dans un murmure fatigué, dit simplement :  

— Ils finiront bien par nous appeler, un jour.  

Marie éclata de rire, un rire nerveux, incontrôlable. La salle s’assombrit. Son rire se perdit dans l’écho du marbre, se mêlant au silence grandissant.  

 

Véro Infini


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