Titre : "Paris en Feu"
Scène : Un banc sur les quais de la Seine. La chaleur est étouffante.

Jean-Luc – (tirant sur son col) Paris sue comme un marathonien à bout de souffle. Le bitume ramollit, les murs transpirent, et les vitrines des magasins ressemblent à des flaques de mirage.
Marie – Un mirage ? Non, un soufflé qui monte, gonfle, menace d’exploser… Paris est devenu un four à chaleur tournante, et nous sommes les gratins qui dorent à point.
Jean-Luc – Sauf que nous ne sommes pas destinés à être dégustés, Marie. Nous sommes les grenouilles dans la marmite, ne sentant même plus que l’eau frémit.
Marie – (riant nerveusement) Ah ! Une apocalypse gastronomique ! Après tout, n’est-ce pas à Paris que l’on a inventé les meilleures recettes ?
Jean-Luc – (sombre) Des recettes, oui. Mais celle-ci a le goût de l’oubli et du déni.
Marie – Regarde-les, les passants… Ils avancent à petits pas, comme si les pavés étaient devenus des braises. Et les pigeons ! Eux aussi sont cuits, cloués à l’ombre, les ailes écartées comme des mouchoirs abandonnés.
Jean-Luc – La Seine aussi, regarde-la… Elle ne coule plus, elle transpire. On dirait une vieille soupe trop réduite.
Marie – Une soupe où nagent des poissons fanés, des bouteilles à la mer qui n’arrivent jamais à bon port. Les péniches, elles, ne flottent plus. Elles s’accrochent aux derniers filets d’eau, transformées en maisons sur pilotis.
Jean-Luc – Et nous, naufragés d’un monde qui se dérègle, condamnés à observer le mercure grimper comme un voleur le long des balcons haussmanniens.
Marie – (sourire en coin) Un voleur, ou un amoureux transi qui grimpe vers une Juliette qui s’en moque ?
Jean-Luc – Paris ne se moque pas, Marie. Il suffoque. Et nous avec lui.
Marie – Alors quoi ? On décide de faire comme si de rien n'était ? Comme si la ville n'était pas en train de fondre sous nos yeux ?
Jean-Luc – (désignant la Tour Eiffel) Regarde-la… Dressée comme un immense thermomètre de fer, elle frissonne sous cette fièvre ardente. Si elle avait une langue, elle mendierait une goutte d’eau.
Marie – Mais quelle goutte d’eau ? Même les parcs se sont rendus. Les bancs sont des plaques chauffantes, les arbres transforment leur ombre en mirage. On ne s’y repose plus, on y grille doucement.
Jean-Luc – (résigné) Comme toujours, on s’habitue. On met des brumisateurs sur les places, on installe des fontaines à eau, et on espère qu’une pluie venue d’un ciel en colère vienne nous sauver.
Marie – Mais s’il ne pleut plus, Jean-Luc ? S’il ne reste que ce four ouvert sur l’infini ?
Jean-Luc – Alors Paris deviendra un phénix. Il brûlera, puis renaîtra. Mais nous ? Serons-nous encore là pour le voir ?
Marie – (chuchotant) Il faut croire aux miracles.
Jean-Luc – (regardant la Seine) Il ne reste que les contes pour enfants et les rêves d’antan. Le reste s’envole, comme un courant d’air chaud…
Marie – (levant les yeux vers la Tour Eiffel) Et si Paris arrêtait de se battre ? Si, fatiguée de briller, elle s’éteignait comme une chandelle trop consumée ?
Jean-Luc – Alors il ne resterait qu’un tas de cendres. Une carte postale jaunie d’une ville qui fut, qu’on racontera à voix basse, comme une légende qu’on n’ose plus croire.
Marie – (murmurant) Paris, la ville lumière, réduite à une flamme vacillante…
Jean-Luc – …qui danse une dernière fois avant de disparaître.
Cet exercice, proposé par Julien Barret en collaboration avec The Artist Academy
Imaginer son texte
Décrivez un coup de foudre en utilisant uniquement des métaphores.
Les objectifs de ce défi :
• Maîtriser l'art de la métaphore
• Développer un style imagé
• Créer des images percutantes
• Enrichir son écriture
• Éviter les images convenues
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