Un Amour en Trois Temps

Annie et Paul formaient un couple que tout le monde enviait. Ils étaient l’incarnation du bonheur simple et sincère. Leur amour transparaissait dans les moindres gestes du quotidien : un regard complice, une caresse discrète, un fou rire partagé. Ils vivaient dans un grand appartement parisien, lumineux, où chaque objet racontait une histoire de voyage, d’aventures en pleine nature. 

"Un Amour en Trois Temps" – une histoire captivante sur l’harmonie d’un couple parfait bouleversée par un secret inavoué.

Leurs deux enfants, Benoît et Mark, étaient tout aussi épanouis. Benoît, l'aîné, était étudiant en physique à la faculté et partageait avec sa mère une curiosité insatiable pour le monde et ses mystères. Mark, le plus jeune, était au lycée et rêvait de devenir avocat comme son père.

Passionnés par la nature, ils passaient souvent leurs week-ends à explorer forêts, montagnes et rivages. Le camping sauvage était leur moment préféré : réveils au son des oiseaux, baignades dans des lacs cristallins, veillées autour du feu à raconter des histoires et à griller des marshmallows.

Le dimanche, s'ils n’étaient pas en balade, ils organisaient un barbecue avec leurs amis, un rituel sacro-saint où se mêlaient rires, discussions et saveurs.

Tous ceux qui les entouraient s’interrogeaient : « Comment faites-vous pour être toujours aussi heureux ? »

Cette question les amusait. Ils haussaient les épaules en répondant qu’ils ne faisaient rien de particulier, que leur bonheur était juste naturel. Mais leurs amis ne pouvaient s'empêcher d'être fascinés par cette harmonie apparemment sans faille.

Leur quotidien était rythmé par de petits plaisirs bien ancrés. Annie pratiquait le yoga et la danse africaine pour entretenir son corps de déesse. Elle adorait également passer des soirées entre copines, à refaire le monde autour d’un bon verre de vin. Paul, lui, jouait au tennis et était membre d’un club de cigare. Une fois par semaine, il s’accordait une soirée entre hommes, un moment privilégié où il discutait politique, économie et philosophie avec ses amis.

Un jour, Annie, en regardant par la fenêtre leur ville bouillonnante, exprima une idée qu’elle murmurait en elle depuis longtemps : « Et si on quittait Paris ? Si on s’installait en pleine nature ? » L'idée prit racine, s’infiltrant doucement dans leurs conversations du soir. Paul, avocat spécialisé dans les finances, aimait son travail, mais il savait qu’il pouvait aisément adopter un rythme de vie différent. Annie, géologue travaillant dans un centre de recherche, trouvait aussi que ce changement leur offrirait un cadre plus serein. Ils se projetèrent dans ce futur, persuadés que prendre le train chaque jour pour le travail leur offrirait finalement du temps de lecture, du temps pour eux.

Ils commencèrent alors à visiter des maisons. De superbes maisons. Mais mine de rien, Paul trouvait toujours un détail qui clochait. À chaque fois, il avait une explication rationnelle, presque imparable, qui laissait Annie sans réplique. À force, une fatigue insidieuse s’installait en elle. Pourquoi repoussait-il chaque maison qui semblait pourtant leur convenir ? Par des formes de questions innocentes, elle essayait de comprendre. Devait-elle le laisser faire le tri ? Avait-il simplement peur de s’éloigner de ses habitudes ? Pourtant, avec les transports, ils pourraient voyager une heure et demie par jour en première classe, à lire, à se relaxer, à écouter de la musique, des podcasts ou autres. Annie ne voyait que du positif. Paul aussi, mais après chaque visite, il trouvait toujours un mini détail pour dire : « Non, je ne l’aime pas, cette maison. »

Un soir, alors qu’elle se préparait pour une sortie entre amies, un objet inattendu bouleversa son univers : un rouge à lèvres inconnu gisait sur le sol de son dressing. Elle s’en était emparée distraitement avant de réaliser qu’il ne lui appartenait pas. Ce n’était ni sa teinte ni sa marque. La déflagration intérieure fut instantanée. D’abord la confusion, puis la suspicion. Et si Paul la trompait ?

Elle passa la soirée avec ses amies, feignant un sourire, mais son esprit était ailleurs. Dans les jours suivants, elle scruta les faits et gestes de Paul, cherchant des indices, des incohérences, mais tout semblait inchangé. Leur vie intime restait la même, leur complicité toujours présente. Pourtant, un sentiment diffus s’était installé en elle, grandissant chaque jour un peu plus.

Un détail la frappa : Paul se rendait de moins en moins souvent à son club de cigare. Était-ce une coïncidence ou une précaution ? Déterminée à comprendre, elle retrouva l’ancienne carte de visite du club et décida d’y faire un tour. Il n’y avait aucun club de cigare à cette adresse. Juste une petite porte anonyme, coincée entre deux bâtiments luxueux. Paul lui avait donné cette carte il y a des années. Peut-être le club avait-il changé d'adresse, et Paul ne l’aurait pas mentionné ? Ou alors elle ne se souvenait pas qu’il l’avait fait ? Tout s'embrouillait en elle. Car soudain, il y avait des questions sans réponses, et ce n'était pas sa vie habituelle.

Elle tenta sa chance un autre soir. Le quartier était calme, mais un va-et-vient d’hommes portant des sacs de sport attira son attention. Intriguée, elle se glissa par une porte dérobée et découvrit une réalité insoupçonnée : à l’intérieur, une ambiance feutrée, des hommes en robes élégantes, maquillés, dansant, chantant. Elle se figea. Son sang se glaça lorsqu’elle aperçut Paul, vêtu d’une robe noire, souriant, visiblement à l’aise dans cet univers. Une chaleur glaciale lui envahit le dos, comme si son corps refusait de comprendre ce que ses yeux voyaient. Son souffle se coupa, ses jambes fléchirent légèrement sous le poids de cette réalité brutale. Paul ne la voit pas. Elle s'échappe en courant jusqu'à sa voiture.

Un gouffre s’ouvrit sous ses pieds.

La déflagration fut inévitable. De retour chez eux, elle l’attendit, le regard vide, un verre de vin à la main. Lorsqu'il entra, elle lui lança son verre de vin au visage, submergée par la colère et l’incompréhension. Le liquide rouge éclaboussa sa chemise blanche, dessinant une tâche vive qui contrastait avec l'immobilité soudaine de Paul. Mais ce fut son silence, plus encore que le choc du vin, qui frappa Annie. Paul entra, insouciant, mais son sourire s’effaça lorsqu’il croisa le regard rouge et embué d'Annie.

Il resta figé, penaud, ne sachant pas ce que sa femme savait. Pensait-elle qu'il avait une autre femme ? Comment pourrait-elle connaître la vérité? Comme une bobine de fil se déroulant à toute vitesse, des millions de questions traversèrent l'esprit de Paul en seulement quelques minutes.

Finalement, il sut qu'elle savait. Il essuya lentement le vin qui coulait sur son visage, mais son regard fuyait celui d’Annie. Avait-il espéré qu’elle ne découvre jamais ? Une partie de lui voulait-elle être démasquée, soulagée de ne plus cacher cette facette de lui-même ? Il hésita à s’asseoir, mais resta debout, figé entre la peur et un étrange soulagement. Le ton monta, les réponses devinrent hachées, évasives. Annie exigeait la vérité, Paul tentait de minimiser. Puis, sous la pression, il céda. Il parla de son dilemme, de cette part de lui qu’il n’avait jamais osé révéler, par peur qu’elle le quitte, par peur de tout perdre.

Puis, sans prévenir, Annie éclata de rire. Un rire nerveux, incontrôlable. Paul la fixa, abasourdi. Finalement, elle murmura : « Montre-moi. »

Paul resta sans voix tandis qu'Annie attrapait un de ses foulards et l’enroulait autour de son cou avec un sourire énigmatique. Son regard scruta celui de Paul, cherchant une réaction, une faille. Un éclat de panique traversa brièvement ses yeux, avant qu’il ne s’adoucisse, incertain. Était-ce un jeu dangereux ou une nouvelle vérité qui se dessinait sous ses yeux ? Une nouvelle ère commençait.

Véro Infini


Cet exercice, proposé par Douglas Kennedy en collaboration avec The Artist Academy

Créer la crise

Observez dans un lieu public trois couples différents pendant 15 minutes. Notez leurs interactions, tensions, non-dits. Utilisez ces observations pour créer une scène de crise amoureuse.

Les objectifs de ce défi :

Identifier les éléments déclencheurs

Construire une tension narrative

Développer les conflits intérieurs et extérieurs

Créer des situations de crise crédibles

Maîtriser la montée en tension

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