Pour moi, le plus difficile n’est pas de faire face à la page blanche. Ce qui est plus compliqué, c’est de choisir quelle histoire raconter et par où commencer. Je doute souvent, je suis toujours en déséquilibre, mais j'apprends un peu plus chaque jour.
À force de parler de cette peur, elle est devenue tangible. Un jour, une personne importante dans ma vie m’a écrit – et en lisant ses mots, je l’ai vraiment entendue, comme si elle était là, devant moi. Cette personne, c’est toi. Une femme pleine de savoirs, d’idées, avec une longue liste de rêves accomplis.
Tu m’as dit :
"Véro, tu pourrais faire un recueil de nouvelles."
Je t’ai répondu rapidement, sourire aux lèvres :
"C’est vrai, ce que tu m’as dit la dernière fois. Tu es un génie."

Tu m’as encouragée à ne plus avoir peur du mot "livre" et à considérer les "nouvelles", un mot plus léger, moins effrayant.
Avec humour, tu as ajouté :
"Véro, tu n'es pas objective, lol. Mais franchement, écrire des nouvelles, c’est sympa. Ta vie est une succession de nouvelles."
Tu as raison. Après tout, une fin n’est qu’un nouveau début. Alors je m’apprête à franchir une nouvelle porte. Au fait, j’aime énormément les portes ; j’ai une belle collection de photos de portes depuis des années.
Aujourd'hui, je veux te raconter une vieille histoire qui me suit depuis longtemps. Tu ne le sais pas, mais aujourd’hui, le 8 septembre 2024, je décide de te le dire. Tu m’as inspirée à être forte, à tracer ma voie, à ne jamais abandonner, même à l’âge où l’on doute de tout. C’était en août 1981.
Toi, que je n'ai pas vue depuis août 1981, es devenue une véritable artiste.
Curieuse comme je suis, j’ai cherché la définition d'un "recueil de nouvelles". Comme vous (lecteurs!) le savez, j’adore explorer les dictionnaires, surtout depuis qu’ils sont électroniques. Voici ce que j’ai trouvé :
"Un recueil de nouvelles est un livre qui regroupe plusieurs récits courts, appelés nouvelles. Une nouvelle est un récit de fiction plus bref qu'un roman, centré sur une intrigue, un personnage ou un événement particulier. Chaque nouvelle est une histoire complète en elle-même, ce qui permet de lire le recueil de manière fragmentée."
Ça me fait sourire d’imaginer ma vie comme une suite de fictions courtes, moins longues qu’un roman, alors que parfois, je me sens vivre un gros pavé. Je serais le personnage qui écrit les nouvelles de sa propre vie, l'intrigue étant de savoir dans quelle direction cela va tourner. C'est vrai, ça peut être sympa.
Malgré tout, aujourd'hui, un dimanche pluvieux, le temps passe comme un jour ordinaire. Pourtant, ces mots, "recueil de nouvelles", trottent dans ma tête. J’ai mille idées et rêve d’un mini blog personnel. Mais le mot "blog" me dérange. Je veux être différente, jusqu’à l’adresse e-mail qui refléterait mon univers, quelque chose qui incarnerait mes vœux et serait presque bilingue.
En cherchant des réponses, je suis tombée sur le mot "Anthology" en anglais, et "anthologie" en français. Voilà, je m’accroche à ce mot et je lance les invitations à suivre mon anthologie personnelle, qui s'appellera : VeroInfini.fr. Ça sonne bien, non ?
Mais revenons à toi, cette grande dame que j’ai rencontrée pour la première fois les yeux dans les yeux, alors que j’avais 16 ans.
À l’époque, je connaissais ta famille, mais ce jour-là, j’ai vraiment rencontré toi. Moi, la jeune qui aurait pu faire des bêtises, tu m'as expliqué ce que la vie est. J’ai vu en toi une femme forte, mêlant dureté et sourires, qui savait exactement ce qu’elle voulait. Tu as été la première personne à m’inspirer. Tu incarnais la planification. En une phrase, tu as exprimé que la ferme n’était pas pour toi ; tu voulais t’éloigner, recommencer à zéro, mais avec une idée claire de ce que tu voulais atteindre.
Cette rencontre a eu lieu lors d’un de mes séjours chez ma tante, en août 1981, pour le mariage de ta sœur cadette. Avec ta petite sœur, nous sommes venues te voir, toi l’aînée, celle qui avait traversé tant d’épreuves, comme c’est souvent le cas dans une grande famille de la campagne. Je t’ai vue dans ta petite boutique, entourée d’enfants, faisant mille choses à la fois. C’est peut-être en te voyant ainsi que j’ai, moi aussi, adopté ce rythme effréné. Tu m’as montré que c'était possible.
Tu allais droit au but. Ce jour-là, il y avait une discussion dont je ne me souviens plus exactement. Mais je me rappelle que ta présentation était brève, positive, tournée vers un avenir radieux. C’était une boutique dans un petit village, mais tu avais quitté la ferme familiale pour suivre ta propre voie. Et tu as réussi, comme tu l’avais décidé.
Quand je pense à toi, je revois toujours ton sourire. Grâce à la technologie, nous avons gardé le contact, même si nous ne nous parlons pas souvent. J’ai suivi ton parcours, j’ai vu ton art évoluer, devenir original et thématique, avec une variété de matières. Tu continues d’apprendre, d’enseigner aux autres, et de partager ton art à travers divers médias et expositions. Ce que tu fais est fabuleux.
Avant la sculpture, il y avait les cookies, le jardin. Même là, l’art était présent. Et il y a toujours les bons gâteaux du week-end, cette touche de douceur dans ta vie bien remplie. N'y a-t-il pas eu couture ou tricot ? C’est fou car nous ne nous sommes vraiment pas vues souvent.
Tu t’étais fixé des objectifs et tu les as atteints. Tu es toujours joyeuse, avec ton sens de l’humour et ce sourire que je ressens même sans te voir.
Ce que tu ne sais pas, c’est que si tu te reconnais en lisant ce passage de ma vie, tu comprendras. J’ai cette image gravée dans ma mémoire : ce jour où je t’ai vue, en train de dire ce que serait ton avenir. Et tu as réussi. Depuis toutes ces années, cette scène me revient souvent, me rappelant que tout est possible, qu’il suffit de croire en soi et d’apprendre. Je revis ce moment à travers une photo précise et en noir et blanc. Mais je ne sais même pas s’il y avait eu une photo. Je crois vraiment que ce moment m'a été gravé. Bravo, Madame.
Un énorme merci Madame.
Véro Infini
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